2020 devait être l’Année de la BD. Mais ce chouette projet n’a pas survécu à la crise sanitaire. La pandémie a obligé les maisons d’édition à repousser les sorties et à les concentrer sur les derniers mois de l’année. Ce magma de sorties comporte son lot de pépites.
Voici un bref reflet des titres dont on a beaucoup parlé sur le web et/ou qui nous ont le plus marqués.
Adultes
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L'accident de chasse de David L. Carlson et de Landis Blair chez Sonatine
C'est l’histoire vraie de Charlie Rizzo qui, à la fin des années 1950, part vivre, à la mort de sa mère, chez son père aveugle. Pour éviter que son fils aille en prison, ce dernier se met à lui raconter son histoire, sa vérité.
Enttre mensonge, rédemption, prison et littérature L'accident de chasse n'est pas la BD la plus simple à lire, mais c’est un travail étonnant, surprenant, autant par le graphisme que par le scénario.
Aldobrando de Gipi et Critone chez Casterman.
Dans un Moyen-Âge imaginaire, les auteurs italiens nous content les aventures insolites et trépidantes d'un anti-héros candide. À mi-chemin entre le conte médiéval et le récit picaresque, cette bande-dessinée ado-adulte joue avec les codes, les rehausse, et fait passer un agréable moment de lecture.
Anaïs Nin de Léonie Bischoff chez Casterman.
Librement inspirée de la vie d'Anais Nin, Léonie Bischoff dresse un portrait magnifique d’une femme hautement singulière et romanesque.
Un roman graphique délicat, d’une grande finesse psychologique, plein de sensualité, envoûtant et subtilement colorisé. Passionnant !
Béatrice de Joris Mertens chez Rue de Sèvres
La découverte d'un album photos entraîne une jeune employée à travers un voyage dans le temps.
Avec ce premier album Joris Mertens signe une romance sans parole originale et un petit bijou graphique onirique totalement envoûtant.
Carbone & Silicium de Mathieu Bablet chez Ankama
Avec ce nouvel album ambitieux, Mathieu Bablet suit sur plus de deux cents ans le parcours initiatique de deux androïdes se cherchant aux quatre coins du monde après avoir été séparés. Dotés de sentiments, ils ont réussi à échapper à leur mort programmée.
Outre l’idée originale d’une histoire d’amour entre deux androïdes, c’est une réflexion sur la vie, l’amour, sur notre civilisation décadente, hyperconnectée... Une œuvre forte et belle, à méditer.
Connexions de Pierre Jeanneau chez Tanibis
Cet album met en scène de jeunes adultes entrant tous dans une nouvelle période de leur vie : changement professionnel, naissance d'un enfant, retour de voyage,...
Pierre Janneau nous entraîne dans une histoire labyrinthique parsemée d'indices sous forme de zooms sur des éléments du décor qui nous permettent de reconstituer le passé des personnages. Une belle et poignante histoire d'amitié où le rock occupe une place prépondérante.
La dernière rose de l'été de Lucas Harari chez Sarbacane
Jeune parisien qui rêve de devenir écrivain, Léo part dans le Sud pour garder une maison au bord de mer où il fait la rencontre de son étrange voisine. Dans le même temps, des jeunes personnes disparaissent.
Découvert avec L’Aimant, Lucas Harari revient avec un thriller d’ambiance solaire et mystérieux au dessin élégant et aux couleurs hypnotiques.
Dragman de Steven Appleby chez Denoël Graphic
Tous les super-héros mènent une double vie et cachent leur identité secrète. C'est le cas pour August Crimp, marié et père de famille, qui adore s'habiller en femme et qui devient Dragman pour ses missions.
Steven Appleby, lui même travesti, signe une histoire drôle et inventive, à l’esprit british qui renouvelle le genre !
La fuite du cerveau de Pierre-Henry Gomont chez Dargaud
Le médecin légiste en charge de l’autopsie d'Einstein, dérobe son cerveau pour mener des recherches. S’ensuit un road-movie burlesque auquel participe le fantôme d’Albert...!
Une fois de plus l'excellent Pierre-Henry Gomont (Malaterre, Pereira prétend) nous régale avec cette comédie burlesque, loufoque et déjantée. Une histoire improbale, pourtant inspirée de faits réels.
Malgré tout de Jordi Lafebre chez DargaudPour la première fois seul aux manettes, Jordi Lafebre (Lydie, Les beaux étés) conte la passion entre deux cœurs qui se sont toujours aimés, enfin réunis. Tout en égrainant les excuses qui ont empêché les deux sexagénaires de vivre pleinement leur amour, le lecteur remonte aux prémices de cette belle romance avec ses occasions successives manquées.
Le dessin semi-réaliste est pétillant, tout en rondeurs et en déliés avec des personnages aux regards expressifs et plein d’allant. Chaque regard et attitude vous touchent. Acceptez de vous perdre dans les méandres de cette belle comédie romantique emplie de tendresse, de finesse, de poésie, non dénuée d’humour et qui fait un bien fou.
Peau d'homme d'Hubet et Zanzim chez Glénat
Dans l’Italie de la Renaissance, Bianca se travestit en homme pour apprendre à connaître son futur mari choisi par sa famille.
Dénonçant obscurantisme religieux, homophobie et misogynie, Peau d'homme, conte posthume d’Hubert, magnifiquement mis en images par Zanzim, est une ode à l’amour, au féminisme, à la liberté et à la tolérance.
Pucelle de Florence Dupré La Tour chez Dargaud
Avec beaucoup d’autodérision, de recul, de liberté et d’humour, Florence Dupré La Tour retrouve ses yeux d’enfant pour raconter le tabou de la sexualité dans sa famille et les conséquences qu’il aura dans sa construction. Elle n’épargne personne, surtout pas elle-même, c’est drôle, touchant et universel !
Radium girls de Cy chez Glénat
Radium girls raconte l’histoire vraie du combat d’un groupe de jeunes ouvrières victimes d’un scandale sanitaire dans l’Amérique des années 20 qui débouchera sur un des premiers combats judiciaires dans lequel un employeur a été déclaré responsable de la santé de ses employés aux États-Unis, ouvrant ainsi la voie à de nouvelles législations.
Avec un dessin plein de charme aux crayons de couleurs, Cy rend un hommage à la fois poignant et très vivant de ces travailleuses sacrifiées sur l'autel du tout profit.
Un travail comme un autre de Alex W. Inker chez Sarbacane
Alex W. Inker revisite la dépression des années 20 dans cet album glaçant, libre adaptation du roman éponyme de l’américaine Virginia Reeves. Entre ségrégation, racisme et emprisonnement, il suit la longue descente aux enfers d’un loser progressiste et malchanceux, fasciné par l’électricité. Avec un graphisme très expressif presque cartoonesque et volontairement rétro, il nous plonge dans une Amérique brutale et cruelle où ségrégation raciale et misère sociale règnent. L’immersion est totale.
Vernon Subutex de Lux et Virgine Despentes chez Albin Michel
Ancien disquaire à la dérive, expulsé de son appartement, Vernon squatte chez ses anciens copains de la grande époque - came, sexe, punk-rock - des années 90. Énorme succès en librairie, le roman éponyme de Virginie Despentes, après avoir été adapté en série télé, est aujourd'hui décliné en bande dessinée sous le trait de Luz. Cette nouvelle version réécrite à quatre mains est une réussite.
Documentaires
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Americana de Luke Healy chez Casterman
En 2016, Luke, un irlandais fasciné par les États-Unis, se lance dans le défi fou de suivre le Pacific Crest Trail. Ce sentier de randonnée mythique de 4 280 km court de la frontière mexicaine à la frontière canadienne, du désert à la glace, à travers vingt-cinq parcs nationaux. Luke Healy aborde ce trek comme un parcours initiatique où il va repousser ses limites.
La bombe de Laurent-Frédéric Bollée et Alcante sur un dessin de dessin Denis Rodier chez Glénat
Comment est née l'arme la plus effroyable de tous les temps ? Au départ, les scientifiques étaient animés par l'idée d'apporter un immense progrès pour l'humanité, avant de se rendre compte qu'ils avaient créé un monstre qui allait bouleverser le monde.
Dans un noir et blanc impeccable, ce pavé extrêment documenté, où les personnages réels sont traités comme des personnages de fiction, raconte l'histoire et les origines de la bombe atomique.
Kent state de Derf Backderf chez Çà et là
Au printemps 1970, des étudiants américains de l’Université de Kent State (Ohio) manifestent pacifiquement contre la guerre au Vietnam. Le mouvement est violemment réprimé par la garde nationale, qui tire sur les manifestants. Bilan : 4 morts et 9 blessés. Cet événement marqua les esprits et provoqua des manifestations gigantesques dans tout le pays. Derf reprend son style chirurgical et cynique pour décortiquer les trois jours qui ont précédé le drame et l’enchaînement glaçant des événements.
L'oasis de Simon Hureau chez Dargaud
Au fil de pages au graphisme tout en douceur, Simon Hureau raconte comment il a réussi, avec peu de connaissances sur le sujet mais avec patience, à transformer une petite parcelle de jardin en véritable paradis, et recréer un écosystème équilibré.Cet album fait l’éloge de la biodiversité d’une manière instructive et drôle, et fait prendre conscience qu’on a tous un rôle à y jouer. C’est beau, c’est drôle et pratique. On se laisse charmer.
Sapiens de Yuval Noah Harari, David Vandermeule et dessin Daniel Casanave chez Albin Michel
Le livre de Yuval Noah Harari, Sapiens une brève histoire de l’humanité, phénomène mondial qui a été vendu à plus de 15 millions d’exemplaires, raconte comment l'Homo sapiens a réussi à survivre et à dominer la planète. David Vendermeulen et Daniel Casanave, nous proposent en étroite collaboration avec Yuval Noah Harari, une version en bande dessinée enrichie, très accessible et sur un ton humoristique.
Jeunesse & ados
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La bête de Zidrou, dessin Frank Pé chez Dupuis
Loin, très loin du Marsupilami d’origine, dans une veine plus réaliste et sombre, Zidrou et Frank Pé réinventent le mythique animal. Prévue en deux tomes, cette série ado-adulte, est le début d’une belle amitié et d’une aventure tout public passionnante. Zidrou nous immerge dans une histoire pleine de tendresse et d’émotion avec des personnages très attachants et magnifiquement illustrée par Frank Pé qui reconstitue parfaitement les ambiances des années 50.
L'été à Kingdom Fields de Jon Mc Naught chez Dargaud
L'été, les vacances, l'adolescence, l'ennui... Par une multitude de détails, Jon Mc Naught fait ressurgir les souvenirs et l'ambiance particulière, comme suspendue, des longues journées de vacances estivales d'une famille anglaise.
Avec peu de texte, un rythme lent et des pages contemplatives, il magnifie les petits riens des vacances, la lenteur, l'abondance de moments fugaces, l'ennui palpable de ces longues journées d'été qui font écho à nos souvenirs de vacances en famille.
Un joli voyage immobile, poétique et nostalgique.Incroyable ! de Zabus, dessin Hippolyte chez Dargaud
Jean-Loup, est un petit garçon de 11 ans plein de tocs de comportement à l'imagination débordante. À 7 h 29 précises, un petit rien va changer sa vie. Vincent Zabus et Hippolyte signent un album jeunesse plein de fantaisie, surprenant, émouvant et tout à fait incroyable ! Les auteurs y abordent des sujets sensibles sous forme de conte : la différence, le mal-être, la souffrance de l’absence. Cette histoire pleine de charme, au ton décalé et drôle, est servie par un dessin doux qui évoque Sempé. Le trait délicat, le dessin sans frontières et les aquarelles chaudes d’Hippolyte conviennent parfaitement à cette ambiance onirique.
Miss Charity de Loïc Clément, dessin Anne Montel, d'après le roman éponyme de Marie-Aude Murail chez Rue de Sèvres
Cet album pour ados raconte le quotidien solitaire d'une riche fillette anglaise sous l'ère victorienne, qui joue les naturalistes, recueille, dessine tout un tas d'animaux et dévore en cachette des livres de toute sorte pour ne pas sombrer dans l'ennui. Le dessin très frais, doux, aéré, aux jolies aquarelles, fourmille de mille détails. Le personnage attachant, espiègle et plein d'humour est croqué avec tendresse.Une adaptation réussie d'un roman lui-même extrapolé de la jeunesse fantasmée de Beatrix Potter.
La nuit est mon royaume de Claire Fauvel chez Rue de Sèvres
La nuit est mon royaume met en scène deux jeunes collégiennes de Créteil partageant la même passion de la musique et bien décidées à en faire leur vie. Claire Fauvel retranscrit à merveille le parcours initiatique et le passage à l'âge adulte de ces deux adolescentes. D’un trait d’une belle fluidité et très expressif, elle sait dessiner les corps, parvient à mettre en scène la musique et les concerts, à recréer les ambiances de la nuit. Une chronique sociale sensible et immersive.
Les oiseaux ne se retournent pas de Nadia Nakhlé chez Delcourt
Pour son premier roman graphique, Nadia Nakhlé écrit le récit poétique de l’exil d’Amel, une jeune orpheline de 12 ans fuyant son pays en guerre pour la France. Bacem, un soldat musicien la prend sous son aile.
Nadia Nakhté est une illustratrice de talent. Ses pages sont saisissantes et amènent une immersion très forte. A mi-chemin entre l’album et la bande dessinée, un récit fort et onirique sur l’enfant face à la guerre et à l’exil. A partir de 10/12 ans.
Olive de Véro Cazot, dessin Lucy Mazel chez Dupuis
Olive, introvertie et rêveuse, s’est créé un monde imaginaire qui lui permet de s’éloigner de ses soucis. Elle passe autant de temps dans ce monde que dans la réalité, quitte à rompre le lien social avec ses proches. Une bande dessinée pour ados intrigante, accrocheuse et originale servie par le dessin de Lucy Mazel, joli, subtil et donnant une impression de légèreté.
Sacrées sorcières de Pénélope Bagieu d'après Roald Dahl
Un jeune orphelin est élevé par sa grand-mère excentrique. Il l'adore, mais elle est vraiment particulière : elle ne connaît qu'une histoire qui fait peur aux enfants, elle fume, elle aime les jeux d'argent... Lors de leur séjour dans un hôtel en bord de mer, ils se retrouvent confrontés à un congrès de sorcières dont le but es d'éliminer tous les enfants du monde !
Tout en restant fidèle à son univers et à son humour, Pénélope Bagieu met toute sa fantaisie pour remettre au goût du jour le roman de Roald Dahl. Le dessin aux traits vifs, colorés et expressifs, colle parfaitement à cette histoire vivante et haut en couleur.
Le Serment des lampions de Ryan Andrews chez Delcourt.
Cette année, Ben et ses copains ont fait le serment de suivre à vélo les lampions lâchés sur la rivière par les habitants de leur ville à l’occasion du solstice d’automne. Ils veulent voir jusqu’où ils vont.
S’appuyant sur une colorisation douce aux ambiances fortes, cette aventure tout public, entre songe et réalité et pleine de surprises, se transforme en quête initiatique et aborde des thèmes forts : l’amitié, l’entraide, le regard des autres,... Manga
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Asadora de Naoki Urasawa chez Kana. Pour ados à partir de 14 ans et adultes
En 1959, alors qu'un terrible typhon s'abat sur Nagoya, la jeune Asa fait tout son possible pour aider les habitants de sa ville.
Mêlant fantastique et suspense, Asadora est un excellent premier tome de l’auteur bien connu de Monster, 20th century boys... qui nous happe dès les premières pages. Il nous plonge dans la vie japonaise quelques années après la Seconde guerre mondiale, dans un pays encore en reconstruction et hanté par la bombe atomique. On retrouve avec plaisir tous les ingrédients qui font le sel des séries de l’auteur, son sens aigu de la narration et son style graphique identifiable.
Mauvaise herbe de Keigo Shinzo chez le lézard noir. Pour ados à partir de 16 ans et adultes.
Cette série prévue en 4 tomes met en scène la rencontre d’une adolescente fugueuse et d’un lieutenant de police qui va tente de l’aider. Ces deux êtres malmenés par la vie, l’une fuyant une mère violente et l’autre souffrant de la perte de sa propre fille, vont tenter de se sortir du cercle vicieux de la solitude, du mal-être et de la violence quotidienne, partie intégrante de leur vie. Sombre, dur et touchant.
L’oxalis et l’or de Eiichi Kitano chez Glénat. Pour ados à partir de 12/14 ans
En 1849, la famine touche durement l'Irlande. Deux jeunes orphelins décident de partir en Amérique pour prendre part à la ruée vers l'or.
Un début prometteur pour ce premier tome d'une épopée historique qui nous embarque sur la route de ces émigrés en quête de fortune, de leur situation tragique en Irlande jusqu'à leur arrivée à New-York. Eiichi Kitano nous plonge dans un monde froid et misérable dans lequel seul les plus forts survivent.
Sengo de Sansuke Yamada chez Casterman. Pour adultes.
Cette série prévue en 7 volumes raconte le quotidien de soldats japonais restés en Chine à la sortie de la Seconde Guerre mondiale.
Ces tranches de vie sans concession, misérables et pathétiques dépeignent la violence et le racisme de la société japonaise, les exactions des Américains et la misère d’un pays en ruine. Les scènes dures ne manquent pas et sont un peu atténuées par l’humour.
Spy X Family de Tatsuya Endo chez Kurokawa. Pour ados à partir de 12 ans.
Twilight, est un espion reconnu comme étant un des meilleurs et un des plus efficaces. Maître dans l'art du déguisement, il n'hésite pas à accepter les missions les plus dangereuses. Cette fois il doit se créer une famille fictive avec femme et enfant.
Ce point de départ un peu loufoque donne tout de suite le ton ! Gros succès au Japon, Spy x family, sous son apparence assez classique, est une comédie d’espionnage pétillante qui offre un agréable moment de lecture. La série joue fort sur le comique de situation, le trio de protagonistes est particulièrement prometteur, l’histoire prenante et l’humour décalé.
